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   Professionnelle                                                                                                                                                            AF






            « Dans les maisons d’enfants à caractère social (Mecs), la plus grande difficulté est d’arriver                        tection de l’enfance et de PMI font maintenant partie des professionnels prioritaires pour
            à occuper les enfants avec moins d’effectifs et moins de moyens, puisque sans l’appui des                              bénéficier de la garde d’enfants. D’autre part, une seule attestation suffit désormais pour
            activités sur l’extérieur », décrit-il.                                                                                les déplacements professionnels.

            Afin de gérer l’urgence et de maintenir un taux d’encadrement minimal, l’association a
            fait appel à des professionnels intérimaires via Coopemploi, une Scic toulousaine créée par
            plusieurs associations pour les remplacements dans le secteur médico-social. Des stagiaires
            ont aussi été sollicités et certains professionnels redéployés.
                                                                                                                                   AF       Source : le Média social le 24/03/2020
                                                                                                                                            Par Olivier BONNIN
   36               Tension sur le placement à domicile                                                                                                                                                                                  37
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            Côté placement à domicile (PAD), la situation est tendue. « Nous limitons nos visites au strict                        AU COVID-19
            minimum, vraiment en cas d’urgence, mais nous maintenons un lien téléphonique perma-
            nent avec les familles » souligne Nicolas Gaddoni.
            À mesure que le confinement se prolonge, il se prépare déjà à des « replis », c’est-à-dire des                         Faute de personnels suffisants, après une semaine de confinement, la situation devient cri-
            retours d’enfants actuellement en famille vers des établissements.                                                     tique pour les enfants protégés, en établissement et à domicile. Si des renforts s’organisent,
                                                                                                                                   avec les gardes d’enfants ou les étudiants, désormais des masques sont réclamés.
            « Nous avons déjà quelques lits dédiés et nous sommes en train de réfléchir à la mise en
            place de sas pour les enfants qui seraient malades, en lien avec d’autres associations.                                « Ce mercredi, c’est la journée de tous les dangers. » Ce 25 mars au matin, Mélanie San-
            Sur Toulouse nous souhaitons réquisitionner un institut thérapeutique, éducatif et pédagogi-                           chez retient son souffle, après déjà huit jours de confinement, pour les presque 300 enfants
            que (Itep) ou un institut médico-éducatif (IME), qui accueillerait uniquement ces enfants ».                           accueillis en urgence par sa « Direction des maisons de l’enfance et de la famille » du dé-
                                                                                                                                   partement des Bouches-du-Rhône.



                    Manque de masques                                                                                              A travers ses foyers, comme en familles d’accueil, durant la première semaine, « on se pré-
                                                                                                                                   parait à la guerre », retrace la directrice. « Mais là, on y est, à la guerre, et les enfants com-
                                                                                                                                   mencent à ne plus tenir le confinement. Par rapport à hier, je sens un basculement. »
            Car Nicolas Gaddoni redoute la survenue du coronavirus dans les établissements et sait
            qu’il faut anticiper. « Nous n’avions qu’un stock d’une cinquantaine de masques hérités de                             Or, ici aussi, parmi les quelque 400 employés, de plus en plus doivent s’absenter, pour cause
            la grippe H1N1, et pour le transfert d’un jeune nous en avons déjà utilisé 10.                                         d’enfant à garder, de vulnérabilité face au coronavirus, ou même de symptômes de la ma-
            La PJJ doit nous en fournir aujourd’hui ».                                                                             ladie. Mélanie Sanchez résume le danger : « On a des enfants qui craquent et des adultes
                                                                                                                                   défaillants. » Et selon elle, la situation est particulièrement explosive pour les adolescents et
            Il est surtout inquiet pour les deux accueils de jour et les deux centres d’hébergement d’ur-                          jeunes majeurs logés en autonomie, à l’hôtel ou en appartement.
            gence pour personnes sans abri également gérés par l’association. « Il est très difficile de
            confiner ce public », souligne-t-il.
                                                                                                                                           Alerte au président
                    Prioriser aussi le travail social                                                                              Dix-sept organisations en ont d’ailleurs alerté le président de la République lui-même, dans

                                                                                                                                   une lettre ouverte publiée le 24 mars : si jusqu’ici les enfants protégés « ont été épargnés par
            Face à une situation complexe et très évolutive, Nicolas Gaddoni souhaiterait des consi-                               l’épidémie, les effets du confinement ont d’ores et déjà des répercussions importantes ».
            gnes beaucoup plus synthétiques de la part des autorités. « Nous sommes abreuvés de                                    Or d’après les signataires, de l’Adédom à l’Uniopss, « la protection de l’enfance se retrouve
            mails, je comprends la difficulté mais ils sont parfois très longs à lire et génèrent du flou. Nous                    bien seule, insuffisamment épaulée par les pouvoirs publics locaux, et peu prise en compte
            avons besoin de clarté pour être efficaces ».                                                                          dans les mesures dérogatoires décidées par le Gouvernement ».

            Il plaide lui aussi, notamment auprès de la Convention nationale des associations de pro-
            tection de l’enfant (Cnape) et de la fédération d’employeurs Nexem, pour que les profes-
            sionnels soient mieux soutenus et enfin reconnus comme prioritaires.                                                           Gardes d’enfants confirmées
            « Ils sont fatigués et commencent à être démotivés. L’autre jour je me suis fait arrêter quatre
            fois sur la route, il a fallu que je me justifie sur mon activité. Il faut que cela cesse ». (*)                       Certes, le secrétaire d’Etat Adrien Taquet l’a bien confirmé, la veille, dans un « point sur la si-
                                                                                                                                   tuation » : les professionnels de la protection de l’enfance, depuis le 23 mars, sont eux aussi «          Rubrique Professionnelle
            (*) Dans la journée d’hier, lundi 23 mars, deux mesures ont toutefois été prises, qui devraient                        désignés prioritaires pour bénéficier de la garde d’enfants ». Mélanie Sanchez se demande
            faciliter le quotidien des travailleurs sociaux.                                                                       cependant si cette rectification, déjà tardive, pourra encore convaincre des personnels de
            D’une part, les professionnels des établissements et services publics et associatifs de pro-                           revenir.



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                                      Bulletin d’information n° 77 de l’                - Avril 2020                                                          Bulletin d’information n° 77 de l’                - Avril 2020
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