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En étant à l’écoute de son enfant En expliquant simplement la situation
Pour l’Unicef, il ne faut pas hésiter «à parler du coronavirus avec votre enfant». L’agence de Entre 0 et 3 ans, «il faut dire à l’enfant que c’est une situation exceptionnelle, que tout le
l’ONU pour l’enfance s’appuie sur son expérience des différentes épidémies qui ont touché monde va rester à la maison et qu’il n’ira plus à la crèche», détaille Cédric de Laurens,
la planète pour partager quelques recommandations aux parents. pédopsychiatre au CHU de Rennes (Bretagne). «Mais il ne faut pas forcément nommer le
Le premier de ces conseils est de «commencer par écouter votre enfant» en lui montrant coronavirus. C’est trop éloigné de sa vie.»
«que vous vous souciez de ses préoccupations».
Pour les petits, la situation familiale est importante d’où la nécessité de garder le lien avec
Mais face à cette «situation inédite pour tout le monde», rappelle Claudine Nemausat, la famille, les proches. «Ça peut être utile pour tous de se voir, mais pas physiquement.
médecin scolaire à Montpellier (Hérault) et secrétaire générale du Syndicat national des Et ça permet de rassurer», souligne le pédopsychiatre. En temps de confinement, les outils
14 médecins scolaires et universitaires (SNMSU), il n’est pas toujours facile de trouver les bonnes d’appels en vidéo, comme Facetime, Skype ou Zoom, peuvent être une solution. 15
paroles. «Il faut partir des questions que pose l’enfant.
En tant qu’adulte, nous avons tendance à nous projeter et nous devons éviter à tout prix de Pour les plus grands, entre 3 et 7 ans, qui «ont bien compris qu’il se passe quelque chose
donner des informations anxiogènes aux enfants.» car ils ne vont plus à l’école», il est nécessaire de leur expliquer qu’il y a un virus, conseille le
pédopsychiatre.
Pour ne pas tomber dans cet écueil, Claudine Nemausat encourage les parents à reformu-
ler les questions de l’enfant. «Lui demander ce qu’il a compris du sujet permet d’adapter « l faut leur dire qu’il y a une sale bête qui est là.
sa réponse», précise-t-elle. «Cela permet également de lui répondre clairement avec des Et qu’on a les moyens de protéger tout le monde, de stopper le virus.
mots qu’il peut comprendre.» Mais ce n’est pas la peine d’en parler toute la journée non plus.»
Cédric de Laurens
« Si le message est clair, il est rapidement intégré par l’enfant.
Les gestes barrières, comme se laver les mains,
s’ils sont simplement expliqués, sont vite acquis par l’enfant.» Les parents peuvent également s’appuyer sur des livres comme celui de la psychologue
Claudine Nemausat colombienne Manuela Molina Cruz, écrit à destination des petits : Allô ! Je suis un virus de la
famille de la grippe... Je m’appelle Coronavirus. Il est téléchargeable en format PDF.
Si les questions se précisent avec l’âge, le pédopsychiatre rappelle qu’il n’est pas néces-
saire de les noyer sous les chiffres qui «n’ont pas de sens pour eux». «On peut rappeler que
ce genre d’épidémie a existé avant.
Mais ça ne sert à rien de rappeler les millions de morts de la grippe espagnole. Il faut dire
qu’il y a déjà eu des épidémies avant et qu’on s’en est sorti.»
Afin de donner de bonnes informations accessibles aux enfants, l’équipe du P’tit libé a mis
à disposition en accès libre un numéro spécial «Les dernières nouvelles sur le coronavirus»
sur son site, pour les 7 à 12 ans.
En ne cachant pas ses propres inquiétudes
Aux parents angoissés, les professionnels de l’enfance rappellent que les enfants sont des
Image d’illustration (YELLOW DOG PRODUCTIONS / DIGITAL VISION) «éponges émotionnelles». «Donc si vous avez des angoisses, il faut leur en parler car ils vont
le ressentir», précise Cédric de Laurens.
«L’angoisse est légitimée par la réalité donc c’est dur de passer outre. Et le confinement
Quelles que soient les circonstances, «il ne faut pas sous-estimer la capacité des enfants à complique ça.»
comprendre», rappelle cette médecin scolaire.
« Si vous avez un proche malade et que vous êtes inquiet,
Selon l’âge de l’enfant, les parents ne vont pas lui répondre de la même façon : «Aux plus iI faut en parler. Il ne faut pas hésiter à évoquer son état d’esprit à son enfant.»
petits, il faut donner une explication qui a du sens. Avec les plus grands, il faut construire Cédric de Laurens
ensemble des réponses», conseille Claudine Nemausat.
Quant à la peur exprimée par les enfants, «il faut les déculpabiliser car on a le droit Rubrique Professionnelle
d’avoir peur», rappelle le spécialiste. Il faut même les rassurer car ils ne sont pas les seuls à
avoir peur : à plusieurs, «on se sent plus fort.»
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